digiSchool Bac L vous propose le corrigé de l'épreuve de Littérature du Bac L 2017.
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Notre professeur de Littérature vous propose un corrigé complet pour que vous puissiez comprendre ce qui était attendu de vous pour cette épreuve. Pour rappel, l'oeuvre étudiée était Oedipe Roi de Sophocle et Pasolini.
Téléchargez gratuitement ci-dessous le sujet corrigé de Littérature du Bac L 2017 !
Eléments de réponses possibles, sans exigence d’exhaustivité.
Introduction : (entrer directement dans l’œuvre)
- Tirésias est le premier personnage qu’Œdipe, roi de Thèbes en quête du meurtrier de Laïos, convoque dans l’espoir d’obtenir sa précieuse parole et c’est aussi le premier personnage qui fera se déchaîner la violence et l’orgueil d’Œdipe.
- Dans son film Edipo Re (1967) Pasolini conserve cette altercation mais choisit de la faire précéder d’un étrange face à face, muet, entre le jeune Prince errant et l’aveugle joueur de flûte : Tirésias.
- Pourtant ce n’est pas un personnage secondaire mais un personnage dont l’importance est considérable ; d’ailleurs, chez Sophocle, à son arrivé guidé par un enfant, le coryphée et Œdipe marquent leur respect à l’égard de ce seul détenteur du savoir porteur de salut pour la cité ; chez Pasolini, devant le palais, à l’exception du roi Œdipe, tous se prosternent.
1. En quoi les deux œuvres soulignent-elles l’envergure sacrée du personnage ?
2. Quels enseignements peut-on tirer// quelles lectures peut-on faire du traitement du personnage de Tirésias dans la tragédie de Sophocle et dans le film de Pasolini ?
3. Sophocle et Pasolini réservent-ils le même traitement à l’envergure sacrée du personnage de Tirésias ?
I. C’est devant Tirésias qu’Œdipe fait preuve d’hybris et d’aveuglement ;
Alors que Tirésias refuse de parler, Œdipe oubliant le respect dû au devin, exige qu’il parle, animé par une colère croissante, allant jusqu’à insulter le devin.
-Son hybris réside aussi dans sa volonté de s’attribuer un pouvoir que seul le religieux possède : il veut, lui aussi, comprendre la parole divine d’Apollon. Détenteur d’un pouvoir politique temporel, il veut partager le pouvoir spirituel, la parole divine d’Apollon,
Il ne supporte pas que le devin échappe à son pouvoir.
Chez Pasolini, il pose même ses attributs royaux : une longue et dorée tiare et une barbe postiche pour se précipiter violemment sur le religieux et le repousser. Œdipe est incapable d’entrevoir les raisons des réticences de Tirésias.
II. Dans le monde antique de Sophocle, Tirésias est la preuve de l’existence, de la transcendance, de l’omnipotence divine.
Il communique avec deux mondes : le monde des hommes et celui des dieux. Plus précisément, Il est en relation avec Apollon dont il est le porte-parole. Il est le dépositaire des secrets, des volontés du dieu et à ce titre, d’une vérité divine.
A quoi bon pour les hommes maîtriser ce savoir, cette vérité puisqu’ils n’ont aucun pouvoir, aucune liberté.
Face à lui, Œdipe porte une autre conception de la vérité, une vérité qui doit se dire pour se soulager et aider autrui, punir le coupable. ==> deux conceptions de la vérité s’opposent.
Chez Sophocle, Tirésias = une conception antique de la vérité et du destin et par conséquent de la justice. Avec Tirésias, le spectateur est confronté au tragique antique suscitant effroi et pitié.
III. Mais le devin contribue aussi à la peinture de la misère humaine.
- Malgré les relations privilégiées qu’il entretient avec Apollon, Sophocle le montre non pas comme un être hautain, méprisant mais comme un simple mortel désirant vivre en paix, ne pas souffrir.
Il veut garder son secret par pitié pour ne pas faire souffrir Œdipe, ne pas provoquer le désastre dans sa cité. En cela, Tirésias est d’une profonde humanité, voire faiblesse.
- Pasolini amplifie par l’image cette humilité, cette humanité du devin. Filmé en plongée devant le palais d’un Œdipe en majesté, il a le port simple d’un berger faible ; conduit par un jeune garçon, il trébuche à son arrivée devant Œdipe, il doit être abrité du chaud soleil et se place humblement sous un arbuste. Ses yeux expriment une peine profonde éveillant la compassion du spectateur.
Conclusion
Le personnage de Tirésias a une fonction profondément dramatique :
Chez Sophocle = porteur d’un terrible savoir, face à un Œdipe enfermé dans la malédiction des Labdacides, il est au cœur de la tragédie qui touche Œdipe.
Pasolini en opérant un rapprochement final, dans l’Italie moderne, entre l’image de Tirésias et celle d’Œdipe, suggère la malédiction et le tragique du Voyant solitaire.
I. Altercation avec le devin souligne l’envergure tragique du héros qui défie la parole oraculaire
II. Les deux auteurs mettent en place des effets de symétrie paradoxale entre les deux personnages (+ effet d’ombres et de lumières)
Des allers-retours constants entre le film et l’œuvre,
Evoquer la dimension du sacré, les différents symboles de Tiresias,
Une fine analyse de la modernité de Pasolini dans le traitement de ce personnage
Des exemples précis de l’œuvre (citations) + gestuelle et détails du film
Etre trop général.
Ne pas faire un plan dialectique
Eléments de réponses possibles, sans exigence d’exhaustivité.
Cette question est au cœur même du mythe d’Œdipe : ne sachant d’où il vient, celui-ci part sur les traces de ses origines. C’est le fil narratif chez Sophocle ; Pasolini en fait un usage particulier : pour mieux se connaître et se comprendre.
I. Œdipe sur les traces de ses origines
Qui suis-je ? Œdipe, qui le 1er a su déchiffrer l’énigme du Sphinx, est une énigme à lui-même, qu’il est le dernier à savoir résoudre ; non seulement il ignore tout de lui mais il se méprend sur ce qu’il croit être (ses parents, sa ville natale ; ses liens avec Jocaste et ses propres enfants). Œdipe est un homme sans repère : « De qui suis-je fils ? » demande-t-il chez Sophocle ; « Qui m’a mis au monde ? » lui fait dire Pasolini.
De l’ignorance de soi au mal-être : parce qu’il ne se connaît pas, Œdipe est dans le film un errant, qui va de Corinthe à Delphes, de Delphes à Thèbes et de Thèbes à Bologne.
C’est également un homme qui parle peu ou par délégation. Totalement muet dans le prologue, il l’est presque dans l’épilogue, et, dans la partie mythique, il délègue sa parole à l’Œdipe de Sophocle = ce sont autant de signes de son mal-être, voire de son non-être.
Enquêter ou ne pas enquêter : Œdipe enquête sur un criminel, le meurtrier du roi Laïos, qui n’est autre que lui-même. Il part alors à la quête de ses origines, volontairement chez Sophocle, malgré lui chez Pasolini car il fait tout pour ne pas avoir à percer le moindre mystère : « Je ne sais pas. Je ne veux pas le savoir » (face au Sphinx qu’il tue pour ne plus avoir à l’entendre).
II. La connaissance de soi par le détour du mythe
Des références autobiographiques avouées
Le détour par le mythe ou l’autoportrait indirect : C’est pourtant ce que Pasolini a voulu faire : « Dans Œdipe, je raconte l’histoire de mon propre complexe d’Œdipe » (
Naturellement, Pasolini n’a jamais tué son père ni épousé sa mère. L’Œdipe dans lequel il se projette est un Œdipe réinterprété à la lumière de la psychanalyse ;
L’image de l’artiste voyant
Poète lui-même, Pasolini se peint dans le musicien aveugle de l’épilogue. Son itinéraire retrace symboliquement son évolution intellectuelle et artistique. J
III. Une interrogation sur la condition humaine
Un élargissement du sens : le mythe d’Œdipe ne se résume pas toutefois à la quête d’un individu particulier mais possède une portée plus générale : la question « Qui est Œdipe ? » en cache une autre : « qu’est-ce que l’homme ? », car, si l’on se réfère à l’énigme du Sphinx, elle concerne bien l’homme.
Sophocle donne le dernier mot de sa pièce au Coryphée : « Gardons-nous d’appeler jamais un homme heureux, avant qu’il ait franchi le terme de sa vie sans avoir subi un chagrin »
Comment l’homme se définit-il (même quand il n’est ni parricide ni incestueux) ? Comment vivre ? Dans l’ignorance ou le savoir ? Qu’est-ce que le bonheur ? Questions intemporelles qui ne concernent ni le seul personnage d’Œdipe ni la seule personnalité de Pasolini.
Une portée universelle par un syncrétisme culturel : supprimant le Chœur, Pasolini supprime tout naturellement le personnage du Coryphée qui le dirige. Il n’en reprend donc pas le propos final. Chez lui, l’universalité du mythe s’exprime par le syncrétisme culturel. Le décentrement géographique qui conduit de l’Italie dans une Grèce fictive aux couleurs du sud du Maroc, l’universalise dans l’espace : né en Grèce, le mythe se déploie partout. La bande sonore emprunte à des traditions musicales très différentes les unes des autres : à Mozart et à son Quatuor en ut majeur, à des chants populaires roumains, à la musique japonaise, au cri humain. Les costumes appartiennent autant à l’art africain qu’aztèque. Sur la route de Thèbes, Œdipe assiste à une fête rituelle. Les références au christianisme coexistent avec le matérialisme révolutionnaire de l’épilogue. C’est bien de l’homme, de toutes les époques, de toutes les civilisations et quelles que soient ses convictions, dont il est question.
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